la journée de la jupe
D'emblée, la tension est présente, presque
tangible. On la perçoit dans les gestes mal assurés d'une femme au
visage las, qui tente de se frayer un passage au milieu d'ados
chahuteurs - ses élèves. La classe de français commence en retard et
dans le chaos. Et puis un revolver tombe du sac d'un petit caïd. A bout
de frayeur et d'exaspération, Sonia Bergerac (Isabelle Adjani, parfaite)
ramasse l'arme et braque les gamins (eux aussi très bien) qui lui en
ont fait tant voir. A mesure que la pression augmente à l'extérieur de
la salle où elle retient les collégiens, l'enseignante se transforme en
justicière. Le racisme, la religion, le machisme, toutes ces choses
pesantes et taboues sont étalées sur la table, pour le meilleur et pour
le pire...
Etrange film, sur le fil du rasoir, délibérément incorrect et
remarquablement écrit. Si les premiers accents sont ceux de la comédie
corrosive, le propos dérive inexorablement vers la tragédie. La Journée
de la jupe n'est pas (qu')une chronique aigre-douce sur la violence en
milieu scolaire. C'est une fable réussie sur toutes ces peurs qui
s'ancrent dans le quotidien et auxquelles on finit par s'habituer, faute
d'oser en soigner les racines, alors qu'elles ne peuvent aboutir qu'à
un désastre social et humain.
Sophie Bourdais (télérama.fr)